La  Nouvelle Lune du mois

 


année 2005


Interprétation du degré Sabian de la NL

Dans le cycle de la lunaison, la Nouvelle Lune correspond à un moment d’ensemencement dans lequel une idée, un archétype, un principe cherche à prendre forme.
Les degrés monomères, qui correspondent approximativement au parcours journalier du Soleil dans la bande du zodiaque, sont également les récepteurs symboliques d’une « idée » et de nombreux  clairvoyants ont cherché à percevoir l’ « empreinte idéelle » particulière de chacun des 360° parcourus par le Soleil. Ainsi, il existe de nombreuses interprétations des degrés monomères qui sont fonction de la sensibilité et de la culture du médium.
Nous nous appuierons ici sur les symboles Sabian (l’image perçue par le médium) commentés par Dane Rudhyar (éd. Librairie de Médicis), en tentant de dégager l’aspect pratique de la psychologie ésotérique, c’est-à-dire d’une psychologie qui inclut les dimensions de l’âme.

 

NL des années précédentes
2003 - 2004
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NL du 31 décembre 2005 à 10° Capricorne

« Un albatros mange dans la main d’un marin ».

L’albatros, oiseau des mers majestueux en vol mais si malhabile retenu à terre, évoque l’eau vive de l’Esprit, tandis que le marin symbolise le moi rompu à l’exercice du contrôle des émotions.

Cette communion intime de l’homme et de l’Esprit rappelle ces récits venus d’Orient où des villageois apeurés par l’approche d’animaux sauvages faisaient appel à un sâdhu pour les protéger. Le sage ne se concentrait pas sur l’apparence de l’animal, ni n’était en contact avec les émotions de peur que cette apparence pouvait susciter, il restait paisiblement aligné sur la divinité intérieure et ainsi entrait en communion avec la divinité intérieure en toute forme de vie.

L’eau de la nature émotionnelle (ou plus tard sa correspondance supérieure) préside à toute forme de relation. Elle rend possible la perception de la qualité de ce qui est autre, et établit le courant d’empathie qui conduit à la connaissance directe de l’autre. Non maîtrisée, c’est-à-dire non canalisée dans une direction juste, elle est en résonance avec ces strates de l’inconscient collectif qui véhiculent toutes les peurs et toutes les illusions de l’humanité depuis l’aube des temps.

Aussi, lorsque nous entrons en relation, ne nous focalisons pas sur l’apparence que peut offrir l’autre, ni sur l’apparence de la situation. Par-delà la forme et de toute la gamme d’angoisses qu’elle est capable de susciter en nous, demeurons dans la solitude intérieure qui nous aligne sur l’Esprit. Dans cette solitude fondamentale, qui est en réalité union avec le Tout, tous les « miracles » relationnels pourront s’accomplir.

 

 

NL du 1er décembre 2005 à 10° Sagittaire

« Au théâtre, une jeune actrice aux cheveux d’or incarne une déesse de la chance ».

Dans le grand théâtre de la vie, que nous en soyons conscients ou non, nous nous efforçons tous d’incarner le rôle conçu par le dramaturge intérieur qu’est notre Soi. Nous y arrivons avec plus ou moins de bonheur, selon notre sensibilité et notre réceptivité à cette direction intérieure, et notre détermination à surmonter les obstacles.

Ici l’actrice aux cheveux d’or, symbole d’une conscience spirituelle développée, est appelée à incarner une déesse de la chance, traditionnellement associée à l’abondance matérielle. Deux concepts qui ont encore une résonance antinomique dans nos esprits, non sans fondement car nous ne pouvons atteindre l’éveil ou la plénitude spirituelle sans nous être d’abord libérés de nos désirs matériels. Ce renoncement juste, que tous les « acteurs aux cheveux d’or » portent dans leur mémoire, constituerait à présent un obstacle pour la manifestation d’une étape suivante dans la progression spirituelle : traduire le plus fidèlement possible, sur le plan concret, la beauté et la richesse de la vie subjective. Ce qui est « en bas » peut et doit devenir comme ce qui est « en haut ».

Le degré du mois denier nous parlait de retrouvailles de « vieux camarades ». Quels pourraient être leurs besoins concrets pour pouvoir exprimer pleinement leur vie de relation et de service ? Quels que soient ces besoins, il est prévu qu’ils soient satisfaits, même si dans le présent immédiat rien ne le laisse encore entrevoir. Tout sera donné à ceux qui ont su renoncer à tout, les seules choses qui pourraient faire obstacle à cette loi sont nos propres pensées de restriction et de limitation.

Voici venu le temps d’incarner la « déesse de la chance », c’est-à-dire d’attirer par notre disposition intérieure le cadre nécessaire à l’expression de ce que nous sommes. Nous le ferons en nous mettant d’abord en résonance avec tous les possibles, puis en laissant notre imagination créatrice tisser le pont d’or vers la réalisation prédestinée.

 

 

NL du 2 novembre 2005 à 10° Scorpion

« Un dîner entre amis réunit de vieux camarades ».

Cette image nous parle des retrouvailles de « vieilles âmes », unis par ces liens puissants qui naissent d’une aspiration commune et se tissent au fil d’une longue expérience partagée dans toutes les dimensions de l’espace-temps. Elle pourrait suggérer de joyeuses agapes, si elle ne se trouvait dans le signe du Scorpion, signe de la sexualité dans son sens le plus mystérieux et le plus sacré, qui sur le chemin de la réalisation de Soi est un signe d’épreuve.

Par sexualité, il faut entendre l’ensemble de l’énergie qui nous anime et par laquelle nous nous relions aux autres. Plus la conscience se développe et s’affine, c’est-à-dire plus le corps éthérique devient le réceptacle du feu de l’Esprit, plus il devient vital de comprendre le juste usage de cette énergie. Car utilisé d’une manière non conforme à sa nature, ce feu brûle le réseau éthérique et détruit le véhicule physique. En termes alchimiques, le vase se brise.

Nous sommes rarement attentifs aux vagues d’énergie qui émanent de nous ou qui pénètrent en nous, pourtant nous nous unissons avant tout à l’autre par la qualité de notre énergie dirigée. Pour les « vieux camarades », à fortiori s’ils sont des femmes et des hommes, il s’agit de veiller à demeurer en toute circonstance dans le lieu sacré de la « caverne du cœur ». Alors, quoi que nous fassions extérieurement ou quel que soit l’élan intérieur qui nous porte vers l’autre, tout sera bien. Bien sûr, il peut arriver qu’un courant d’énergie inapproprié nous échappe et renverse le vase, cela reste sans conséquence du moment que nous nous attachons à rétablir rapidement l’harmonie.

Ce degré nous invite à dépasser le désir nostalgique de l’autre, propre à la personnalité séparée, pour s’établir dans une présence permanente à soi-même et à l’autre. Alors ce premier « dîner » sera le prélude d’une longue et indéfectible collaboration.

 

 

NL du 3 octobre 2005 à 11° Balance

« Un professeur lorgne ses élèves par-dessus ses lunettes »

L’enseignement, tel qu’il se pratique encore majoritairement dans nos institutions, se focalise sur le savoir à transmettre, sans se préoccuper de l’attente de ceux à qui il est destiné. C’est une usine dont le but est de fabriquer des éléments capables de s’intégrer d’une manière optimale dans le modèle social en vigueur, fondé sur des valeurs matérialistes de sécurité et de profit.

Ici, le professeur regarde par-dessus son savoir dans le but de percevoir l’attente ou le besoin réel de ses élèves. Il ne les considère plus comme des objets à modeler, mais comme des individus dont le désir essentiel (dans le sens où il est l’essence de l’homme), conscient ou inconscient, est celui d’évoluer, de s’accomplir à travers sa spécificité. Dans cette perspective, il veillera à fondre son savoir particulier dans ce besoin plus fondamental par le lien du sens, ou encore, il s’appuiera sur le désir essentiel pour rendre sa matière vivante, riche de sens, pleinement participante à la construction de la personnalité en devenir.

Pour qu’un enseignement théorique, qui par définition reste extérieur à soi, devienne connaissance, c’est-à-dire un savoir intégré, il faut qu’il soit transmis avec amour. Être dans l’amour signifie « être avec » l’autre, alors la conscience éclairée de l’enseignant s’infuse en quelque sorte dans la conscience réceptive de l’élève, pour donner naissance à la joie d’une authentique compréhension.

Ce nouvel art d’enseigner, qui reconnaît le besoin fondamental de l’individu de se réaliser, et donne la priorité à la créativité plutôt qu’à la transmission rigide d’un savoir, est en cours d’expérimentation un peu partout dans le monde, au sein des institutions ou dans des écoles libres. Il forgera l’homme de demain, un individu libre car responsable, inclusif dans ses rapports humains et avec son environnement, conscient de sa valeur et de la valeur de toute forme de vie.

 

 

NL du 3 septembre 2005 à 12° Vierge

« Après la noce, le jeune marié arrache le voile de son épouse ».

La noce se fonde sur un rituel qui confère à l’union de deux êtres un caractère sacré, elle symbolise la communion spontanée de deux cœurs qui se reconnaissent dans la pureté de la lumière intérieure. La noce symbolique a eu lieu sur le plan de l’âme, à présent elle doit s’incarner sur le plan concret où fonctionne la personnalité (la matière, l’élément féminin qui « voile » la nature de l’Esprit) et ce faisant, court le risque de se dénaturer.

Dans la tradition soufie, le voile désigne une conscience aveuglée par la passion. La passion attire et concentre la totalité de l’énergie psychique disponible sur un centre d’intérêt unique, ici le désir de l’autre. Elle est séparatrice par essence et destructrice pour la psyché, sauf dans les premiers stades du processus d’individuation où elle peut avoir une fonction intégrative. Le mot « passion » recouvre en réalité de nombreuses formes et niveaux possibles de distorsion de l’énergie psychique, il appartient à chacun de vérifier en lui-même, dans la lumière discriminante de son cœur, où commence pour lui l’impureté.

Ce degré évoque une étape de purification nécessaire avant la « consommation » du mariage. Pour ceux qui sont appelés à relever le défi d’une intégration de groupe, arracher le voile signifie se confronter concrètement à l’objet de son désir, progressivement en présence de ses compagnons de groupe, afin de démontrer dans les faits et non seulement dans l’idéal que l’on est capable d’inclure dans son amour tous les membres du groupe. Cela exige de la part de chacun une autonomie psychologique, c’est-à-dire que l’on soit uni en soi-même, de sorte à pouvoir percevoir qu’en réalité il n’existe aucune distance, aucune séparation pour les cœurs unis par un réseau subtil de communication.

Voici une étape qui fera appel à toutes les ressources de notre être, mais elle ne sera ni douloureuse ni frustrante pour celui qui sait l’aborder avec la foi, la générosité et l’ouverture d’esprit propres à l’enfant intérieur.

 

 

NL du 5 août 2005 à 13° Lion

« Un vieux capitaine au long cours se balance devant sa villa sur son fauteuil à bascule ».

Tandis qu’il voguait sur les vastes mers de l’expérience humaine, le capitaine (le « je » qui tient le gouvernail) a connu toutes les alternances du mouvement incessant de la vie. Sous des cieux sereins ou dans la tourmente des éléments déchaînés, il s’est éprouvé lui-même en tant que centre au milieu des conditions, à la fois observateur éclairé et acteur des circonstances qu’il traversait. Sa sensibilité a résonné à toutes les sollicitations, mais toujours il a su rester lui-même et maintenir son cap.

A présent le fauteuil à bascule a remplacé le navire, le voyage est d’une autre nature mais ne saurait finir, car le repos n’existe pas pour une conscience éveillée (il s’agit d’une « vieille » âme), détachée de ses propres réalisations (la villa). Aujourd’hui le vieux capitaine vibre davantage à la dynamique des opposés polaires liés à la vie subjective. Tantôt, peut-être, extrait-il la quintessence des expériences passées et la transmue-t-il en un surcroît de conscience, tantôt est-il tendu vers un futur dont il pressent les contours et en dessine-t-il les premières arabesques, ou peut-être a-t-il accosté sur les rives de l’éternel présent et en découvre-t-il les paysages…

Ce degré nous parle d’une maturation de la conscience, qui ne peut s’élaborer que dans la détente du corps et de l’esprit. Il s’agit de mettre sa sensibilité à l’écoute d’une direction intérieure et d’accompagner, tous les sens en éveil, le fil d’or qui se déroule.

 

 

NL du 6 juillet 2005 à 15° Cancer

« Dans une somptueuse salle de réception, les invités se détendent après un gigantesque banquet ».

Le banquet symbolise un rituel de partage, de communion dans lequel chacun apporte sa qualité d’être et devient ainsi co-créateur d’une abondance qui fera les réjouissances de tous. La salle de réception (l’ensemble des corps subtils des participants) est somptueuse, révélant un travail considérable préalablement accompli et prometteur de la qualité du banquet à venir.

Le « Banquet » de Platon illustre très bien ce degré sur le plan mental, qui met en scène sept philosophes discutant autour de l’idée de l’Amour. On peut imaginer que le moment le plus sublime, le plus fécond ne se trouve pas dans l’échange des idées mêmes, aussi riches fussent-elles, mais dans celui de la détente qui suivit, ou chacun, dans une sorte de vacuité intérieure, reçut la grâce d’une compréhension nouvelle.

Il ne peut y avoir de détente sans une confiance réciproque qui génère un sentiment de sécurité et une intimité propices à l’abandon juste. Lorsque cette confiance, rare, parvient à s’établir au sein d’un groupe, nous pouvons devenir à la fois témoins et acteurs de l’éclosion des plus délicates fleurs de l’intuition.

Dans son sens le plus élevé, intuition signifie connaissance directe de notre propre Etre. Ainsi, nous connaissant nous-mêmes, nous connaîtrons Dieu et l’Univers. Voilà l’abondance ultime promise dans ce degré à ceux qui savent en saisir l’opportunité.

 

 

NL du 6 juin 2005 à 17° Gémeaux

« Le visage d’un jeune homme robuste prend les traits d’un penseur adulte »

Le jeune homme robuste évoque un mental cartésien, analytique et soi-disant rationnel, orienté le plus souvent vers un domaine spécialisé dans lequel il va exceller. Il aime démontrer sa force et aspire à la réussite dans le monde. Lorsqu’il doit prendre position sur un sujet, il le fera sur la base de ses intérêts personnels ou de l’idéologie à laquelle il a décidé d’adhérer. Il manque de vision et se laisse facilement influencer par la peur. C’est le mental de la personnalité qui cherche à s’affirmer.

Le penseur adulte embrasse un champ de perception plus vaste et plus inclusif, car il puise son inspiration dans le cœur. C’est le mental de l’âme qui comprend le sens et connaît la direction. Il n’est pas prisonnier d’un idéal mais obéit à la véritable raison qui appréhende toute situation dans sa réalité globale. Il n’avance pas en ligne droite, mais sait prendre les détours nécessaires pour demeurer dans la juste direction, même s’il n’est pas toujours évident de distinguer l’action immédiate la plus opportune.

Dans ce temps où l’humanité est confrontée à des choix cruciaux pour son avenir, il faut espérer que nous serons nombreux à permettre au « jeune homme robuste » en nous de muer en penseur adulte. Pour cela, ne nous lassons pas de réfléchir, d’approfondir notre connaissance et notre compréhension, de chercher le sens par-delà les apparences, sans jamais nous crisper sur des « relatives certitudes » et aller, l’esprit ouvert, à la rencontre de l’intuition.

 

 

NL du 8 mai 2005 à 18° Taureau

« Une femme secoue un vieux sac par la fenêtre de sa chambre ».

Le « vieux sac », ce sont nos corps subtils qui demandent à être purifiés avant de pouvoir recueillir les impressions émanant des niveaux supérieurs de la conscience. Pendant longtemps, notre effort consiste à le délester de tous nos attachements et désirs erronés (qui sont contraires à la nature de l’âme), de nos préjugés et autres idées préconçues, de notre ambition spirituelle finalement. Dans la mesure où nous savons l’évoquer, notre feu intérieur consume lentement toutes nos scories, notre « sac » se vide de tout son contenu obsolète, jusqu’à devenir semblable à une enveloppe cristalline capable de réfléchir fidèlement la lumière et la beauté des mondes supérieurs.

Cependant, aucun accomplissement n’est définitivement acquis. Nos corps subtils gardent l’empreinte du contenu émotionnel et mental qu’ils ont porté, et il est toujours possible de redonner vie à ce contenu par l’orientation de nos pensées. Ils se chargent également sans cesse des poussières provenant de nos nombreux contacts avec l’environnement.

Ce degré nous invite à devenir observateur de notre aura, à exercer à son encontre une sorte d’attention seconde permanente, et à prendre les mesures nécessaires à chaque fois que l’on constate la perte d’un état de transparence et de fluidité. Vigilance très opportune en cette période de Wésak dans laquelle nous sommes encore immergés.

 

 

NL du 8 avril 2005 à 20° Bélier.

« Une jeune fille nourrissant des oiseaux pendant l’hiver ».

L’amour (une jeune fille) pourvoit toujours au besoin de l’esprit (l’oiseau), dans l’hiver de l’incarnation. Mais sommes-nous capables de discerner cette loi à l’œuvre alors que des événements douloureux secouent sans cesse la planète ?
Un écrivain nigérian, en témoignant d’une famine qui sévissait depuis de longs mois dans son village, rapportait que les corps avaient atteint un tel état de faiblesse que les frontières entre les mondes s’estompaient peu à peu. Ce qui prédominait dans les consciences n’était plus la souffrance physique, mais le sentiment poignant de la bonté fondamentale de la vie, de la prégnance de l’amour qui unit toute la chaîne du vivant, et de la beauté indicible de la Nature. Quand les équipes humanitaires arrivèrent au village, les mourants éprouvaient une compassion profonde envers ces Blancs « civilisés », qui ne pouvaient comprendre l’inanité de vouloir les arracher à la plénitude qu’ils venaient d’entrevoir…
Quelle que soit la rigueur de l’hiver que nous ayons à traverser, l’amour finit toujours par nous tendre une main secourable, sous une forme ou une autre. Mais il le fait le plus souvent en dernier recours, lorsque nos propres ressources sont épuisées, comme s’il veillait soigneusement à ne pas nous dépouiller des expériences difficiles porteuses d’enseignement. L’amour est au service de la vie, avec intelligence et adéquation au but.

 

NL du 10 mars 2005 à 20° Poissons

« Une table dressée pour le dîner ».

Au terme d’un cycle d’efforts, on peut s’attendre à une rétribution méritée, qui constitue en même temps une nourriture nécessaire pour affronter un nouveau jour, un nouveau cycle. Cependant, si l’image indique que les convives sont attendus, ils n’ont pas encore pris place autour de la table. Ils sont certes « appelés », mais seront-ils pour autant « élus » ?
Ce degré est avant tout porteur d’un potentiel, d’une possibilité de gratification qui, pour être actualisée, exige de notre part de nous montrer encore et toujours à la hauteur de l’hôte qui nous accueille, quelque soit le plan de conscience que celui-ci symbolise. Il n’y a rien à rejeter sur notre chemin, nous résonnons et devons répondre à de nombreuses sollicitations, mais parfois le chant des sirènes des problèmes rencontrés est si envoûtant que nous en oublions notre destination. Il se peut aussi que nous ayons à faire face à des situations dont la nature présenterait des similitudes avec l’accomplissement pressenti, et nous pourrions être tentés de lâcher la proie pour l’ombre.
Quelles que soient les difficultés ou les joies qui nous confrontent au quotidien, nous devons apprendre à y répondre à partir du plan de conscience où nous puisons notre inspiration, car toute autre réponse entraînerait automatiquement une rétribution négative et nous éloignerait un peu plus du « dîner » attendu.

 

NL du 8 février 2005 à 21° Verseau

« En proie au chagrin et à la désillusion, une femme fait face courageusement au vide de son existence ».

Nous voici dans une situation de crise liée aux relations interpersonnelles, lorsque les masques de nos projections ou de nos aveuglements tombent soudainement et nous confrontent à une réalité douloureuse, parce que non conforme à nos attentes ou apparemment dénuée de sens.
La nature sensible en chacun de nous (une femme), rencontre la souffrance dans la mesure où elle s’identifie à l’objet de sa désillusion. Mais le propre de la souffrance, si elle est acceptée avec courage, c’est-à-dire avec cœur, est sa capacité de dissoudre l’identification erronée. Dans cette alchimie opérée par la douleur, lorsqu’elle est accueillie avec sollicitude et compassion envers soi-même (mais non avec complaisance), la béance laissée par la déception peut se transmuer peu à peu en vide créateur, spatial, au sein duquel l’événement se révèle dans sa portée multidimensionnelle et spirituellement signifiante. Nous ne sommes plus isolés dans un vécu que nous croyions dramatiquement unique, mais percevons le même archétype à l’œuvre, le même défi de libération lancé à l’âme humaine dans des situations analogues.
La souffrance ne naît jamais d’une situation en elle-même, mais du regard que nous portons sur elle. Nous avons rarement le pouvoir de changer les circonstances, mais nous avons pleinement celui de modifier notre angle de vue. N’est-il pas aisé d’accepter sereinement les choses telles qu’elles sont lorsque le cœur bat au rythme de l’Espace ?


NL du 10 janvier 2005 à 21° Capricorne

« Une course de relais ».

Cette image évoque spontanément l’esprit de compétition qui est à l’œuvre dans tous les domaines de l’activité humaine lorsque la motivation repose avant tout sur l’intérêt porté à soi-même, ou par extension à son groupe d’appartenance.
Cependant, une autre dynamique devient possible au fur et à mesure que fleurit le sentiment de notre commune humanité et que le sens du bien commun remplace peu à peu le désir égocentré. Rudhyar parle d’émulation pour désigner cette dynamique autre, mais l’émulation est une notion proche de la rivalité dans le sens où on cherche encore à égaler ou à dépasser l’autre. Une telle motivation est étrangère à une authentique conscience de groupe (conscience de l'humanité en tant que tout), qui est par essence altruiste. L’individu ou le groupe habité par une conscience globale s’embrase à la perspective de pousser toujours plus loin l’aventure humaine dans un domaine ou un autre. Il s’y implique de tout son être et peu lui importe, par exemple, par quel médiateur la révélation va surgir, car sa joie se trouve tout entière dans la tension de la recherche. Si le but à atteindre concerne le domaine relationnel, il le servira de son mieux en se rendant totalement disponible à l’Esprit. Le véritable altruisme ne peut se trouver que dans la verticalité.
Dans toute dynamique de groupe, les anciennes habitudes de compétition et de rivalité demeurent sous-jacentes aux plus nobles intentions, elles sont la part d’ombre contenue dans toute lumière. Aussi nous appartient-il de rester vigilants tandis que nous « courons » vers le but imparti.