La  Nouvelle Lune du mois

année 2003



Interprétation du degré Sabian de la NL

Dans le cycle de la lunaison, la Nouvelle Lune correspond à un moment d’ensemencement dans lequel une idée, un archétype, un principe cherche à prendre forme.
Les degrés monomères, qui correspondent approximativement au parcours journalier du Soleil dans la bande du zodiaque, sont également les récepteurs symboliques d’une « idée » et de nombreux  clairvoyants ont cherché à percevoir l’ « empreinte idéelle » particulière de chacun des 360° parcourus par le Soleil. Ainsi, il existe de nombreuses interprétations des degrés monomères qui sont fonction de la sensibilité et de la culture du médium.
Nous nous appuierons ici sur les symboles Sabian (l’image perçue par le médium) commentés par Dane Rudhyar (éd. Librairie de Médicis), en tentant de dégager l’aspect pratique de la psychologie ésotérique, c’est-à-dire d’une psychologie qui inclut les dimensions de l’âme.

 

NL du 23 décembre 2003 à 2° Capricorne

« Trois rosaces dans une église gothique, l’une détruite, victime de la guerre ».

Guerre et destruction ont en général une résonance négative dans notre esprit, non sans raison dès lors que les trois rosaces se réfèrent à la triple nature de la personnalité refermée sur elle-même. Il n’est pas difficile d’observer que lorsque la passion nous mène nous ne sommes plus en mesure de réfléchir, de même l’ambition ou l’orgueil peuvent étouffer toute sensibilité émotionnelle et tous les déséquilibres prononcés finissent tôt ou tard par révéler la fragilité de nos corps. Cet état de guerre, qui annihile sans cesse un aspect de nous-même, n’est-il pas une condition tristement ordinaire de notre quotidien ? Nous fonctionnons rarement comme un tout coordonné, sauf peut-être dans les situations d’urgence qui sont autant d’appels d’air vers un autre type de « guerre ». Car guerre et destruction ont aussi une consonance positive si nous considérons la triplicité supérieure relative à l’Homme global. Alors nous devenons le guerrier intérieur, le guerrier de l’esprit qui connaît le but et tranche de sa lame acérée tous les obstacles inhérents à sa propre nature, de sorte que, progressivement, le trois devienne le deux avant de se réabsorber dans l’unité. Guerre et action sont des termes synonymes, ils sont la réponse à la force d’évolution en nous qui toujours nous pousse en avant. De quel type de combat allons nous être porteur au cours de ce mois ?

 

NL du 23 novembre 2003 à 2° du Sagittaire

« la tempête soulève l’écume des vagues sur l’océan ».

Cette image est en parfaite concordance avec le symbolisme utilisé par les anciens pour traduire la nature du Sagittaire : l’océan, tout comme le cheval ou la partie animale du Centaure, évoque la nature instinctive, inconsciente ; l’écume des vagues, eau qui épouse l’air, est en résonance avec la nature consciente et mentale symbolisée par l’Archer ou la partie humaine du Centaure ; enfin l’arc et la flèche évoquent l’appel de l’Esprit, traditionnellement illustré par le vent.
Nous sommes dans une phase où l’appel de l’évolution a été entendu et la flèche de l’intention décochée en direction du but perçu. L’intention est une force propulsive qui focalise toutes les ressources de l’être sur l’objectif désigné, mais c’est aussi une force qui peut nous faire dépasser le but si elle ne s’accompagne pas d’un sage discernement. Avec foi et ardeur, attelons-nous à un projet qui nous tient à cœur, sans oublier que la réussite finale repose sur notre capacité à confronter intelligemment chaque étape du chemin. Plus que jamais, il s’agit de tenir fermement le gouvernail et de savoir garder « le centre au milieu des conditions ».


 

NL du 25 octobre 2003 à 2° du Scorpion

« un joli flacon brisé d’où émanent les effluves d’un parfum délicat ».

Ce symbole alchimique de transmutation ou de transmigration de l’âme, analogue à celui de la chenille qui se transforme en papillon ou du phénix renaissant de ses cendres, évoque la mort de toute forme (physique, émotionnelle ou mentale) parvenue à maturité, et la libération consécutive de la conscience hors d’une limitation qui n’a plus de raison d’être, aussi « jolie » fut-elle.
Mais ici le parfum, l’essence, l'esprit ou la conscience, s’échappe de son ancien contenant accompli sans qu’un contenant nouveau ne soit encore en vue, et c’est sans doute pour cette raison que Rudhyar évoque une attraction nostalgique vers le passé.
Nous sommes dans une phase ou l’esprit, peut-être propulsé par les circonstances, a entrevu des horizons nouveaux et cette vision a eu suffisamment de puissance pour faire éclater les vieilles formes, c’est-à-dire les façons habituelles de penser, de ressentir et d’ agir. Mais la nouvelle conscience qui en résulte n’est pas encore pleinement intégrée, elle ne dispose pas encore d’un contenant (des corps subtils transformés, plus raffinés) capable de la stabiliser. L’esprit, bien que dépouillé du vêtement de la chenille, n’a pas encore revêtu celui du papillon. Dans cette position inconfortable de l’entre-deux, il n’est cependant ni fatal ni souhaitable de tourner son regard vers le passé, car une telle attitude involutive ne peut être que porteuse de souffrance. Mais celui qui sait garder les yeux fixés sur le futur, sur ce qui vient, comme les yeux de l’aigle savent fixer le soleil, consumera le passé dans un embrasement de joie.


 

NL du 26 septembre 2003 à 3° Balance

« l’aube d’un jour nouveau dévoile un changement total ».

La Balance est un signe qui renvoie aux notions de justice et de relation, et donc au paradigme de « justes relations ». Elle implique un équilibre dynamique entre éthique, compris dans le sens d’un rapport à l’intériorité, à la voix de la conscience, et morale, dont l’origine latine « mores », les mœurs, sous-entend les coutumes en vigueur dans une société donnée.
L’éthique dominante d’un groupe influent produit, pour un temps, la morale implicitement acceptée par tous. Mais lorsque le vent de l’évolution fait pencher les plateaux de la Balance dans le sens de la révolution, des idées nouvelles affleurent dans l’esprit des penseurs donnant naissance à une éthique nouvelle qui inspirera une morale plus adéquate. On peut observer ce processus en cours dans l’émergence de la « société civile » et du mouvement alter-mondialiste. Par delà des manifestations périphériques immatures et parfois réactionnaires, il existe au cœur de ces mouvements un groupe de penseurs inspirés qui cherche à traduire dans des concepts clairs et des propositions réalisables les valeurs du Verseau. Une éthique nouvelle, plus élevée, résultat de la capacité individuelle croissante à entrer en résonance avec la divinité intérieure, heurte toujours dans un premier temps la morale en vigueur. Sans doute aurons nous l’occasion durant ce mois, que ce soit dans notre sphère privée ou dans notre participation au collectif, de faire fi des conventions ou des valeurs convenues et d’exprimer avec force une vision intérieure qui induira dans la réalité concrète les changements opportuns.


 

NL du 27 août 2003 à 5° Vierge

«Une personne réalise l'existence d'esprits de la nature et d'agents spirituels normalement invisibles».

Nous voici devant l'opportunité de pénétrer de nouveaux champs de conscience, mais comme de toute opportunité, il nous appartient de nous en saisir. Les mondes subtils s'ouvrent plus facilement lorsque le mental n'est pas encore très actif, comme chez les peuples animistes, mais dans ce cas les "esprits" possèdent l'homme, qui n'a aucune possibilité de les connaître véritablement et encore moins de les maîtriser. A l'inverse, lorsque le mental est développé, mais seulement dans sa phase intellectuelle, non intuitive, il s'érige telle une barrière infranchissable entre la conscience cérébrale et les mondes subtils et génère la vision réductrice du rationalisme occidental. C'est alors que l'injonction de Krishnamurti prend toute sa valeur : se libérer du connu. Il n'y a rien de nouveau sous le Soleil, tout ce que l'esprit humain peut imaginer et découvrir EST de toute éternité. Seule notre myopie, formée par l'ensemble de nos croyances et convictions, nous cache les trésors contenus dans l'univers. Les mondes invisibles se dévoilent à celui qui sait demeurer dans l'écoute silencieuse, libre de tout préjugé et ouvert à tous les possibles. Comme un enfant.

 

NL du 29 juillet 2003 à 6° Lion

« Une jeune ‘hippie’ s’en prend à une dame très vieux jeu ».

Ce symbole de modèles comportementaux embrasse, à notre sens, un cycle bien plus vaste que celui de la succession des générations. Il concerne surtout la transition que nous vivons actuellement entre l’ère des Poissons, le « vieux monde », et l’ère du Verseau que l’on qualifie fréquemment de « nouvel âge », avec ses valeurs révolutionnaires qui bousculent les mentalités cristallisées.
Le mouvement hippie, né aux Etats-Unis, est la correspondance au niveau émotionnel (peace and love) d’un souffle qui a secoué le monde entier et s’est manifesté en France (« 68 ») sur le plan mental par une revendication du droit à « être ce que l’on est », qui passe par le refus de toute autorité indue, c’est-à-dire autre que celle qui prend racine au plus profond de soi-même. Bien sûr, le phénomène hippie était une utopie, dans le sens où un idéal a été perçu sans que les instruments adéquats pour le mettre en forme (une personnalité accomplie) soient disponibles ; bien sûr, la revendication à l’autonomie a été récupérée par les politiques et dénaturée pour servir aujourd’hui de prétexte à la pérennisation d’une idéologie libérale qui ne sert que le seul profit d’un groupe dominant. Mais des semences ont été jetées dans une terre fertile et aucune convulsion du « vieux monde » ne pourra empêcher définitivement leur croissance et la lente mais sûre éclosion des fleurs qu’elles promettent. Des fleurs qui ont pour nom liberté, et non libéralisme, égalité, et non égalitarisme, fraternité et non « toi et moi contre le monde entier ». Et si nous commencions à apprendre à co-naître leur parfum?

 

NL du 29 juin 2003 à 8° Cancer.

«  Des lapins déguisés comme pour un défilé ».
 
Le lapin ou le lièvre sont associés dans la plupart des traditions à la lune, donc à la fonction anima/animus de Jung, médiatrice entre le conscient et le sur-conscient. Il représente la réceptivité, la sensibilité, la mobilité et la fécondité de l’élément féminin, en d’autres termes, la faculté de réponse et d’assimilation du pouvoir solaire. La notion de groupe, contenue dans l’image à la fois par les lapins, nombreux, et de leur rassemblement « comme pour » un défilé, évoque la conscience de l’âme, qui est unie à toutes les âmes par une unité de dessein.
Rudhyar voit dans ce symbole « la tendance présente en toute forme de vie d’imiter des formes supérieures pour stimuler sa croissance ». On peut, à cet effet, se choisir un modèle, une personne ou un groupe, qui incarne l’idéal vers lequel on tend et avancer dans ses pas, on peut aussi se relier à une image intérieure de l’idéal et s’efforcer d’agir en toutes circonstances « comme si » cet idéal s’exprimait déjà parfaitement à travers nous. Dans tous les cas, il s’agit d’expérimenter la méthode du « comme si », qui prend sa source dans l'âme, et en l’expérimentant d’en reconnaître la valeur, car c’est véritablement par cette technique que l’idéal pressenti devient réalité vivante en nous et dans le monde.

 

NL du 31 mai 2003 à 10° Gémeaux

« Un avion effectue un piqué ».
 
Cette image évoque un rapprochement de l’Esprit avec la matière, ce qui, sous l’angle psychologique ou de la conscience, signifie l’incarnation d’une énergie principe. C’est un aspect de créativité, avec tous les « risques » inhérents à l’acte créateur, car les limitations du cerveau humain empêchent une réflexion pure de l’essence contactée. Le défi consiste donc à concevoir des symboles qui incarnent le plus fidèlement possible le principe qui cherche à se manifester. Comme pour le pilote de l’avion qui s’apprête à effectuer un « piqué », cela sous-entend au départ le courage de la prise de risque. On ne peut en effet trahir l’Esprit sans en assumer les conséquences. La « matière », c’est l’ego qui se frictionne à la substance des réalités physiques, des sensations émotionnelles et des perceptions mentales. La tentation que l’ego s’approprie et donc détourne de son dessein initial l’intuition spirituelle existe à chaque instant. C’est en étant pleinement conscient de ce danger que le pilote peut ajuster ses instruments et maîtriser son « piqué ». Quoi qu’il en soit, c’est un temps qui nous demande d’oser exprimer l’intuition qui nous habite.

 

NL du 1er mai 2003  à  11° du Taureau

« Une femme arrose les fleurs de son jardin ».

Les fleurs symbolisent la dynamique du processus de croissance de la psyché, dans ses divers stades. Dans son interprétation, Rudhyar a mis l’accent sur le stade du développement de l’ego et des facultés mentales qui le sous-tendent.
Dans certaines traditions, le mois de mai et les énergies du Taureau évoquent une intensification spirituelle (le culte de Marie pour les chrétiens, la fête de Wesak pour les bouddhistes), et sans doute bien des personnes vivent cette semence NL au niveau supérieur du symbole Sabian, c’est-à-dire ressentent l’impulsion de nourrir en eux les fleurs de la conscience transpersonnelle. Cela implique bien sûr un juste usage du mental, une juste direction de la pensée, mais trop souvent on oublie le mode de contact spontané et instantané du cœur. Nourrir les fleurs du jardin de l’âme, c’est aussi savoir se laisser transporter par un sentiment intense de beauté et de pureté, suscité par l’écoute d’une musique, par l’observation de la nature, ou encore en répondant spontanément par un élan du cœur à une sollicitation qui se présente. C’est souvent parce que, trop absorbés par les habitudes du quotidien, nous ne sommes pas assez attentifs à ces « instants de grâce » que la vie nous présente fugitivement, que nous perdons de précieuses opportunités d’  « arroser » les fleurs de notre conscience supérieure.

 

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